La Cartophilie
Préhistoire, ex-libris et cartophilie. Quelle part
chacune de ces trois passions a-t-elle tenue dans la vie de Georges Goury
? Difficile à dire ! Aussi différentes soient-elles, il est certain qu'elles
l'ont toutes trois fort occupé.
C'est à Nancy qu'Albert Bergeret a "lancé" la carte postale en France dès 1898, avec quelques années de retard sur nos voisins allemands, autrichiens et anglais. Quelques essais ont bien été faits auparavant mais sans grands résultats. Bergeret l'a produite à grande échelle, en France, dans nos colonies et également à l'étranger où sa réputation n'a pas tardé à lui attirer de nombreux clients.
Devant ce succès, d'autres
imprimeurs nancéiens emboîtent le pas : J. Royer chez
lequel Bergeret avait monté un atelier de phototypie en 1886, Helmlinger et
A.Humblot avec lesquels Bergeret s'associe en 1905 pour fonder les Imprimeries
Réunies de Nancy, J. Coubé, H. Farnier et Cie dont le successeur sera Gedovius.
Et Nancy devient un centre important dans la production de la carte postale.
Toute les conditions sont remplies pour que la vogue de ce
petit bristol illustré
ne laisse pas longtemps indifférents les collectionneurs, dont notre Georges Goury
fait partie.
Et le besoin va se faire sentir de grouper tout ce petit monde en
une association capable de mettre les membres en contact afin de
créer des liens amicaux, favoriser les échanges tout en les tenant informés des dernières nouveautés.
Le 15 décembre 1889 l'Association Philatélique Nancéienne, ou A.P.N. avait été fondée pour permettre l'échange des timbres-poste entre ses membres, elle était présidée par Georges Goury. Mais dix ans plus tard, fin 1899, la carte postale transformant le monde des collectionneurs, il devient urgent de créer une association, ce sera la section internationale de cartes postales illustrées au sein de l'Association Philatélique Nancéienne, son siège social étant au 5 rue des Tiercelins, chez son président Georges Goury !
L'Association Philatélique prend de suite un
grand développement grâce à sa section cartophiliste qui compte déjà 400 membres
au bout de six mois et 600 après un an d'existence et continue à se développer.
Cette section cartophiliste préfère alors
voler de ses propres ailes et prend le nom de Société Internationale
des Amateurs de Cartes Postales Illustrées. Toutefois pour ne pas se montrer
ingrate envers l'association qui a guidé ses premiers pas, la section
cartophiliste décide de garde le sigle d'A.P.N. Une section anglaise ne tarde
pas à être créée à Londres avec sa propre revue.
En même temps voit le jour un bulletin mensuel de 8 pages, qui passera à 16 pages dès le début de 1900 : la Revue Illustrée de la Carte Postale dont l'imprimeur n'est autre qu'Albert Bergeret, ce dernier est en même temps administrateur.
(d'après un dessin d'Henri Bergé, membre de l'Ecole de Nancy)
Voici les ex-libris de la R.I.C.P.
Il s'agit d'une revue vivante et il est fait appel à toutes les bonnes volontés pour rédiger des articles susceptibles d'intéresser le plus grand nombre. Ici Léon Malgras, qui adopte en littérature le nom de René d'Avril, poète faisant partie de l'Ecole de Nancy, prépare un article sur Albert Robida, journaliste, illustrateur, auteur visionnaire. Il le soumet à Georges Goury avant de le faire parvenir à l'imprimeur Albert Bergeret. La signature de René d'Avril se retrouve régulièrement dans la R.I.C.P.
Y contribuent également Albert Knecht, Riego Girola adhérent n° 806 et italien comme son nom l'indique, Georges Dinago sont eux aussi des habitués. Mais il y en a bien d'autres, occasionnels.
Les articles portent sur des sujets très variés et bien utiles pour tout bon collectionneur, outre la présentation régulière des dernières cartes sorties : l'intérêt de la carte - Réclame, histoire de Wladiwostok, procédés de fabrication de la carte postale, nouveau règlement concernant l'affranchissement des cartes postales en 1903, petit vocabulaire des échangistes (toujours de CP bien entendu) guerre russo-japonaise, enquête sur les collections et les collectionneurs, les jeux olympiques de 1906, l'esclavage, voyage à travers les Vosges, les bords du Rhin ...
Quelques adhérents : n° 1
Georges Goury bien sûr
n° 101 Marcel Knecht
n° 102 Lucien de Schacken, médecin au 1er Régt de tirailleurs tonkinois
n° 135 Georges Dinago, vice-président
n° 151 Albert Bergeret, imprimeur
n° 351 Vasile Georgescu, Bucarest
n° 1207 Filip Ponge de Leon, Cuba
n° 1232 Marguerite Druez, Algérie
n° 1237 Francisco de Mello, Portugal
n° 1271 Mlle A. Somopoulos, Athènes
n° 1315 Samson Soloweïtchik, Odessa
n° 1336 Mlle Madeleine Jakoubian, Constantinople Péra
n° 1362 Leo Robert Canada
Ils arriveront à être 3400.
Le but est également de
profiter de la revue pour inciter les adhérents à échanger entre eux et à se
monter une collection intéressante en précisant le thème de leurs choix et en
multipliant les échanges.
Quelques exemples avec le numéro de l'adhérent au recto et au verso l'adresse du
destinataire
Et comme tout est prévu pour faciliter les échanges il est même publié des pages de traductions en plusieurs langues
En mai 1907 Georges Goury, croulant
sous le poids des responsabilités vu l'importance grandissante et
envahissante de l'A.P.N. qui compte alors plus de 3000 membres et le peu
de personnes contribuant à la vie de l'association, de la préparation des
articles pour la revue laquelle est attendue avec grande impatience par les
adhérents et envoyée souvent avec du retard - la faute à Bergeret - du
courrier volumineux auquel il faut répondre suite aux doléances des uns et des
autres, des réunions de travail, sans oublier ses travaux de préhistorien, ses
cours.... bref notre Georges Goury donne sa démission de président.
L'association est transférée à Paris, 10bis rue de Tournon dans le 6eme sous la présidence de Henri Brody. Lequel s'adresse au vice-président le 31 janvier 1908 pour lui donner... sa démission en raison de la somme de travail que cela représente pour lui. En même temps le trésorier démissionne également, en tant que trésorier et en tant qu'adhérent ! Elle passe alors sous la responsabilité de Henri Baguenier Desormeaux et déménage au 3 rue Crevaux dans le 16e. Elle ne tardera pas à disparaître complètement !
Ainsi finit la belle aventure victime de son succès. L'A.P.N. association provinciale, a tout de même été rayonnante pendant six ans et demi !
Vous pourrez retrouver A. Bergeret et Georges Goury sur le site
http://fantaisiesbergeret.free.fr